Eugen Rochko passe la main chez Mastodon : un tournant pour le réseau social décentralisé

Après près d’une décennie à la barre, Eugen Rochko, fondateur de Mastodon, a officiellement quitté son poste de PDG ce 18 novembre 2025. 

Lancé en 2016 comme alternative open source à Twitter, le réseau fédéré a conquis plus de 15 millions d’utilisateurs actifs mensuels, en misant sur une architecture décentralisée où chacun héberge son serveur sans autorité centrale. Cette transition, préparée depuis le début de l’année, marque une restructuration globale pour assurer la pérennité du projet, loin des caprices d’un leadership solitaire. Comme l’explique Rochko dans son billet de blog, cette décision vise à « installer des barrieres solides » contre les dérives des fondateurs trop influents, un risque qu’il connaît bien en regardant ce qui s’est déjà passé dans la tech avec d’autres fondateurs.

Le départ de Rochko n’est pas un adieu brutal, mais le fruit d’un épuisement accumulé : le rôle de PDG d’un projet social, sous le feu des critiques et des attentes communautaires, s’est révélé « extrêmement stressant », au point d’impacter sa santé. Dans l’un de ses interviews relayées par plusieurs media sue le web, il évoque le poids émotionnel de comparer Mastodon à des géants comme Elon Musk, et son inadéquation personnelle à une fonction publique. Rochko, qui a souvent codé seul les mises à jour importantes, recevra un million d’euros en compensation pour ses années de salaire modeste, un geste salué comme équitable par la communauté open source.

Pour l’avenir, Mastodon bascule vers une structure associative renforcée : les actifs, dont la marque, passent à une nouvelle entité belge AISBL, remplaçant l’ancienne gGmbH allemande pour plus de flexibilité internationale. Felix Hlatky, vétéran de l’écosystème fediverse, prend les rênes comme directeur exécutif, flanqué d’une équipe étoffée, on parle de Renaud Chaput à la technique, Andy Piper aux communications, et Philip Schröpel en stratégie. Le conseil d’administration réunit des figures comme Biz Stone (cofondateur de Twitter) et Esra’a Al Shafei (activiste numérique), promettant une gouvernance plus collective. Cette mue, inspirée des modèles non lucratifs comme la Wikimedia Foundation, protège Mastodon des tentations commerciales.

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Ce changement arrive à un moment clé pour les alternatives décentralisées, alors que Threads d’Instagram intègre ActivityPub et que Bluesky gagne du terrain. Avec des financements frais, 2,2 millions d’euros de Jeff Atwood (Stack Overflow), plus des dons d’AltStore et du Global Cyber Alliance, Mastodon peut investir dans l’accessibilité et la modération. Rochko reste impliqué comme conseiller, et sur Mastodon même, les réactions fusent en soutien, avec des threads célébrant son legs. 

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