Incendie au centre de données sud-coréen : une perte massive de 858 téraoctets sans plan de sauvegarde

Le 26 septembre 2025, un incendie dévastateur a frappé le centre de données du Service national des ressources informatiques (NIRS) à Daejeon, en Corée du Sud, paralysant une partie significative des services gouvernementaux.

Parti d’une défaillance lors d’une maintenance de routine, le sinistre a rapidement gagné la salle des serveurs au cinquième étage, détruisant des infrastructures critiques et exposant les faiblesses d’un système censé être infaillible. Cet événement, survenu en pleine ère de numérisation accélérée, a mis en lumière les vulnérabilités inhérentes aux data centers publics, forçant les autorités à une course contre la montre pour restaurer les opérations essentielles.

La cause du feu semble claire : une batterie lithium-ion, utilisée dans le système d’alimentation sans interruption (UPS), a subi une réaction thermique incontrôlable, ou « thermal runaway », lors de son remplacement. Ce phénomène, bien connu dans l’industrie des énergies portables, a propagé les flammes aux équipements voisins en quelques minutes, rendant les extincteurs standards inefficaces en raison des risques pour les données électroniques. Selon des rapports initiaux, l’incendie a endommagé 96 systèmes d’information classés comme critiques, tandis que 551 autres ont été mis hors ligne par précaution pour éviter une surchauffe généralisée, touchant au total 647 services en ligne du gouvernement central.

Au cœur de la catastrophe se trouve la perte irrécupérable de 858 téraoctets de données accumulées sur la plateforme cloud G-Drive, lancée en 2018 pour stocker les fichiers des 750 000 employés publics. Ces archives, couvrant huit ans de documents de travail, brouillons et notes internes, n’étaient pas sauvegardées ailleurs en raison de réglementations strictes visant à centraliser les informations et prévenir les fuites potentielles. Cette politique, destinée à renforcer la sécurité, a paradoxalement créé un point de défaillance unique, effaçant des volumes équivalents à des millions de pages administratives sans recours immédiat.

Les efforts de récupération sont en cours, mais les perspectives restent sombres pour une grande partie des fichiers informels. Les autorités comptent sur des sources alternatives comme les copies locales sur ordinateurs individuels, les e-mails archivés ou les documents officiels déposés dans le système OnNara, mais les drafts et travaux en cours semblent perdus à jamais. Le ministère de l’Intérieur estime qu’il faudra jusqu’à un mois pour relancer les 96 systèmes principaux, avec déjà 62 services restaurés en urgence. Parallèlement, le niveau d’alerte cybernétique a été élevé à « prudence » par le centre national de cybersécurité, craignant que l’incident n’attire des cybermenaces opportunistes.

Cet incendie soulève des questions mondiales sur la fiabilité des batteries lithium-ion dans les data centers, où elles sont couramment employées pour leur densité énergétique. Des experts en infrastructure numérique appellent à une réévaluation des architectures de reprise après sinistre, plaidant pour des backups en temps réel et des sites miroirs distants, même au prix d’une complexité accrue. En Corée du Sud, où la dépendance aux services numériques est quasi totale, l’événement a provoqué des perturbations dans des domaines comme les visas électroniques et les paiements publics.

Au final, cette crise pourrait catalyser des réformes plus larges, non seulement en Asie mais aussi ailleurs, où des incidents similaires rappellent que la technologie avancée ne protège pas contre les erreurs humaines ou les aléas matériels. Les officiels sud-coréens promettent une enquête approfondie et des mesures correctives, mais pour l’heure, elle reste un rappel brutal : dans le monde connecté d’aujourd’hui, l’absence de filet de sécurité peut coûter cher, bien au-delà des téraoctets engloutis.

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