Intel, le géant américain des semi-conducteurs, a annoncé une restructuration d’envergure visant à réduire ses effectifs de 33 000 emplois d’ici fin 2025, passant de 108 900 à environ 75 000 salariés.
Cette décision, l’une des plus importantes de l’histoire de l’entreprise, répond à des défis financiers et concurrentiels croissants, notamment face à des acteurs comme Nvidia et AMD, qui dominent des secteurs clés tels que l’intelligence artificielle. Le PDG Lip-Bu Tan, en poste depuis mars 2025, a souligné la nécessité de rationaliser les opérations pour restaurer la compétitivité de l’entreprise.
Les ambitions européennes d’Intel subissent un coup d’arrêt avec la suspension de plusieurs importants projets. La construction de la méga-usine de Magdebourg, en Allemagne, prévue pour renforcer la production de puces en Europe, est reportée d’au moins deux ans. D’autres initiatives en Pologne, en France, en Italie et en Espagne sont également gelées, tandis que le site irlandais reste le seul bastion industriel d’Intel sur le continent. Ces reports compromettent les efforts de l’Union européenne pour renforcer son autonomie technologique dans le domaine des semi-conducteurs.
En Amérique centrale, Intel ferme ses opérations d’assemblage et de test au Costa Rica, transférant ces activités vers le Vietnam et la Malaisie. Cette décision entraîne la suppression de plus de 3 400 emplois, bien que le centre de recherche costaricain, employant environ 1 000 personnes, soit maintenu. Présent depuis 1997, Intel était un pilier économique du pays, et cette fermeture représente un défi majeur pour l’économie locale.
Cette restructuration n’est que le résultat des difficultés financières, avec une perte de 821 millions de dollars au premier trimestre 2025. Intel a perdu du terrain face à des concurrents comme TSMC, qui produit des puces plus performantes pour AMD et d’autres, et n’a pas su capitaliser sur le marché en plein essor de l’intelligence artificielle. La stratégie de l’ancien PDG Pat Gelsinger, axée sur une expansion agressive, n’a pas porté ses fruits, poussant Lip-Bu Tan à adopter une approche plus prudente, centrée sur l’efficacité et la rentabilité.
Les suppressions d’emplois auront des répercussions significatives, notamment dans des régions comme l’Oregon, où Intel emploie 20 000 personnes et où l’industrie des semi-conducteurs génère des salaires bien supérieurs à la moyenne locale. En Europe, la suspension des projets risque de freiner les ambitions de souveraineté technologique, soutenues par des subventions publiques comme le CHIPS Act.
Intel cherche à se recentrer sur ses activités principales, notamment les processeurs pour PC et centres de données, avec l’espoir que sa nouvelle technologie 18A, prévue pour fin 2025, renforce sa position.