La Russie passe à la vitesse supérieure dans sa régulation du numérique. Les autorités viennent d’annoncer un blocage partiel des appels audio sur WhatsApp et Telegram, une mesure justifiée par la lutte contre la criminalité en ligne.
Roskomnadzor, l’organisme chargé de superviser Internet en Russie, pointe du doigt les deux applications, accusées de servir de plateformes pour des fraudes, des extorsions et même des activités liées au terrorisme. Selon l’agence, WhatsApp et Telegram n’auraient pas répondu aux demandes répétées de coopération avec les autorités, ce qui a entraîné le blocage des appels audio. Toutefois, les messages texte restent accessibles, comme l’a précisé le ministère du Développement numérique. Avec respectivement 96 et 89 millions d’utilisateurs mensuels en Russie en juillet 2025, ces applications sont des géants incontournables, ce qui en fait des cibles prioritaires.
WhatsApp, par la voix d’un porte-parole, a dénoncé une atteinte à la liberté de communication sécurisée, soulignant que ce blocage affecte des millions d’utilisateurs russes. Telegram, de son côté, fondé par le Russe Pavel Dourov, a souvent été dans le viseur des autorités pour son chiffrement robuste et son refus de partager des données. Cette restriction s’ajoute à une longue liste de mesures, incluant des lois strictes et des blocages de sites, visant à museler les plateformes non alignées.
En parallèle, la Russie pousse MAX, une alternative nationale développée par VK, géant local du numérique. Testée en version bêta avec 2 millions d’utilisateurs, MAX combine messagerie, services publics et paiements, mais partage les données avec les autorités sur demande. Une loi récente impose sa préinstallation sur tous les smartphones vendus dans le pays, et les institutions publiques sont incitées à l’adopter.
Les utilisateurs russes, habitués à contourner les restrictions via des VPN, font face à un défi supplémentaire, car ces outils sont eux aussi ciblés par des blocages réguliers. Roskomnadzor laisse entendre que les appels pourraient être rétablis si WhatsApp et Telegram se plient aux lois russes, une condition floue qui reflète la fermeté du contrôle étatique. Ce bras de fer entre technologie et politique continue de redessiner le paysage numérique en Russie.