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YouTube modifie les Shorts avec de l’IA sans prévenir les créateurs 

YouTube fait encore parler de lui, et pas forcément en bien. Ces dernières semaines, des créateurs de contenus ont remarqué que leurs Shorts étaient bizarrement modifiés après leur mise en ligne. 

Sans crier gare, la plateforme a utilisé des outils d’intelligence artificielle pour “améliorer” la qualité visuelle de certaines vidéos, sans demander l’avis des principaux concernés. Résultat ? Des images qui semblent lissées, parfois floues, avec un rendu qui rappelle un peu trop les vidéos générées par IA. 

YouTube modifie les Shorts avec de l’IA

Tout a commencé quand des utilisateurs, comme le musicien Rhett Shull, ont pointé du doigt des différences flagrantes entre leurs vidéos postées sur YouTube Shorts et celles partagées sur d’autres plateformes comme Instagram ReelsDans une vidéo devenue virale (plus de 690 000 vues), Shull compare deux clips identiques : sur YouTube, les visages paraissent lissés, les cheveux artificiels et les ombres étrangement accentuées. “On dirait une mauvaise retouche IA”, explique-t-il, appuyé par sa femme, photographe professionnelle, qui s’inquiète de l’impact sur la perception d’authenticité des vidéos.

Le problème ne date pas d’hier. Dès juin 2025, un fil Reddit intitulé “YouTube Shorts are almost certainly being AI upscaled” montrait des captures d’écran prouvant des altérations visuelles, comme des textures de peau trop lisses ou des plis de vêtements effacés. Ces modifications, bien que subtiles, sautent aux yeux lorsqu’on compare les versions originales et modifiées. Pour beaucoup, c’est un coup dur : les créateurs craignent que leurs abonnés pensent qu’ils produisent du contenu IA bas de gamme, ce qui pourrait nuire à leur réputation et à leurs revenus.

Face à la grogne, Rene Ritchie, responsable éditorial et liaison avec les créateurs chez YouTube, a tenté de calmer le jeu sur X. Il explique que la plateforme mène une “expérimentation” sur certains Shorts, utilisant une IA “classique” (et non générative) pour déflouter, réduire le bruit et améliorer la clarté, à l’image des filtres automatiques des smartphones modernes. Pas de génération de contenu ni de surélévation de résolution, selon lui. Mais cette distinction technique ne convainc pas tout le monde, surtout quand Samuel Woolley, expert en désinformation, critique l’usage du terme “machine learning” comme une tentative de minimiser l’utilisation d’IA.

Le vrai hic, c’est le manque de transparence. Aucun créateur n’a été informé de ces modifications, et aucun moyen d’y échapper n’a été proposé. “Je n’ai pas donné mon accord”, déplore Shull, qui voit dans ces pratiques une atteinte à la confiance entre YouTube, les créateurs et leur audience. Cette polémique s’ajoute à d’autres critiques, comme le système d’estimation d’âge par IA récemment déployé aux États-Unis, qui soulève des inquiétudes sur la collecte de données.

YouTube semble jouer avec le feu. D’un côté, la plateforme encourage l’usage d’outils IA pour créer des Shorts innovants, comme avec son nouvel “AI Playground”. De l’autre, elle altère le travail des créateurs sans leur consentement, risquant de brouiller la frontière entre contenu authentique et “AI slop”. Les YouTubers demandent aujourd’hui une option pour désactiver ces modifications. Reste à voir si YouTube écoutera, ou si cette controverse marquera un nouveau tournant dans sa relation avec les créateurs.

Cet article a été modifié pour la dernière fois le 26 août 2025 13h53

Redaction