On a vu passer pas mal de titres alarmants ces derniers jours sur une possible interdiction des bloqueurs de publicité en Allemagne. Genre, « fin de partie pour Adblock Plus » ou « la privacy en danger ». Mais calmons-nous un instant : l’affaire est loin d’être tranchée, et il y a encore du chemin avant une décision finale. Je vais essayer de vous résumer le truc dans cet article, en m’appuyant sur des sources solides et des infos pertinentes. Pas de panique, on décortique ça ensemble.
Tout part d’un conflit entre Axel Springer, un géant de l’édition allemande (ils possèdent des sites comme Bild ou Die Welt), et Eyeo GmbH, la boîte derrière Adblock Plus, l’un des bloqueurs de pub les plus populaires. Ça remonte à plus de dix ans, vers 2014, quand Springer a porté plainte pour pertes de revenus dues aux pubs bloquées. Au début, ils ont attaqué sur le terrain du droit de la concurrence, mais ils ont perdu plusieurs rounds. Puis, ils ont pivoté vers le droit d’auteur, arguant que les bloqueurs modifient le code HTML des sites pour virer les pubs, ce qui altérerait l’œuvre originale protégée par copyright.
En 2022, un tribunal de Hambourg a rejeté cette idée, expliquant que changer l’affichage dans le navigateur n’équivaut pas à modifier le code source du site. Mais Springer n’a pas lâché l’affaire et a fait appel à la Cour fédérale de justice allemande (BGH). Fin juillet 2025, le BGH a renvoyé le dossier au tribunal de Hambourg pour un réexamen plus approfondi, estimant que les arguments précédents manquaient d’élement sur des points comme la structure CSS et l’arbre DOM des sites, qui pourraient être considérés comme des expressions créatives protégées. D’après des analyses comme celles de Heise.de ou TorrentFreak, ça ne signifie pas une victoire pour Springer, juste une prolongation du match et on parle potentiellement de deux ans supplémentaires avant un verdict.
Pour enrichir le tableau, regardons du côté de l’Europe : la Cour de justice de l’UE (CJUE) a déjà clarifié dans des affaires similaires que des modifications temporaires côté utilisateur ne violent pas automatiquement le copyright. Ça pourrait influencer le débat, même si le cas allemand se concentre sur des aspects nationaux.
Au-delà des pubs agaçantes, ces outils font bien plus. Ils boostent la privacy en bloquant les trackers qui suivent vos moindres clics pour profiler votre comportement en ligne. Des études, comme celles relayées par AdGuard ou des experts en cybersécurité, montrent qu’ils réduisent les risques de malvertising ( ces pubs malveillantes qui injectent du malware via des scripts cachés). Résultat : navigation plus fluide, moins de données personnelles aspirées par les géants de la pub, et une couche de sécurité supplémentaire contre les phishing ou les cookies intrusifs.
Mozilla, qui défend ardemment la liberté en ligne, a publié un article mi-août 2025 soulignant ces enjeux : interdire les ad blockers limiterait le choix des utilisateurs et exposerait des millions de personnes à des risques accrus. Ils rappellent que Firefox intègre déjà des protections anti-tracking natives, et que bannir ces extensions pourrait créer un précédent dangereux pour l’innovation web.
Pour comparer, la Chine a effectivement durci sa régulation en 2022, interdisant les logiciels de blocage de pub sous prétexte de concurrence déloyale. Là-bas, c’est intégré à un système de censure plus large, avec le « Great Firewall » qui bloque des tonnes de sites et apps. Mais en Allemagne, une démocratie où la privacy est un droit fondamental via le RGPD européen, une interdiction totale semble improbable. Des voix d’observateurs spécialisés dans l’IT estiment que même si Springer gagne, ça viserait peut-être seulement certains bloqueurs, sans toucher les alternatives comme les VPN avec filtres intégrés ou les outils système comme Pi-hole.
Imaginons le pire : une décision contre les ad blockers. Comment l’appliquer ? Les navigateurs comme Chrome ou Firefox devraient-ils virer ces extensions de leurs stores ? Les utilisateurs pourraient-ils les installer manuellement, ou ça deviendrait illégal ? Et quid des filtres intégrés aux browsers ? Pour l’instant, c’est du spéculatif, mais des experts soulignent que ça pourrait freiner l’innovation et booster les alternatives open-source.
Plus largement, ça s’inscrit dans un climat tendu sur la privacy : backdoors dans les messageries chiffrées, vérifications d’âge obligatoires… Mais des organisations comme Mozilla insistent pour que les régulateurs priorisent la sécurité des utilisateurs plutôt que les modèles économiques des éditeurs.
Bref, pas de quoi s’affoler pour l’instant. L’affaire Axel Springer vs Eyeo est relancée, mais on est loin d’une interdiction générale. Les bloqueurs de pub restent essentiels pour une navigation saine, et des sources fiables comme le BGH ou Mozilla nous rappellent que la balance penche vers la protection des utilisateurs.
Suivons les développements, je vous tiendrai au jus si ça bouge. En attendant, continuez à surfer tranquille !
Cet article a été modifié pour la dernière fois le 20 août 2025 12h06